Dans le courant du mois de Juillet, un garde mobile, Rivaud, gendre d’un
habitant de Villeneuve, apprenant que des manoeuvres à cheval se feront dans
le secteur et que les hommes stationneront dans le village, les maquisards sont
conduits à Vérinas près de Saint-Christophe pour une semaine. La première réunion départementale des Mouvements Unis de Résistance (MUR) a lieu à Saint-Junien, rue Lucien Dumas, mi Juin 1943, en présence de trois membres de la résistance de st Junien : Geneste, Chanson et Lafontan. Fin juin, il est décidé de créer une école de cadres sur l’île de Chaillac, mais le plan est annulé car la configuration des lieux s’avère peu sûre.
Fin Juillet le groupe quitte la maisonnette de Brugeron à Villeneuve pour
aller près de La Loge. Là, des abris souterrains sont construits et une petite toile de
tente sert d’abri à un homme évadé des mains de la Gestapo. Il a les tympans percés
par les mauvais traitements, et il ne peut rester sans soins, qui lui sont prodigués par
un jeune étudiant infirmier, François, un réfractaire, avec quelques médicaments
provenant de chez la pharmacienne de Brigueuil, Mme Pécaud et l’aide du
Dr Misès. Il est transporté par un camionneur de Saint-Junien, Dussoulier, et caché
dans la chaufferie de l’hôpital de Saint-Junien par la directrice de l’établissement
Mlle Martin. Un matin le colonel Chanson, de l’état-major de l’ AS Saint-Junien,
vient faire une visite surprise aux maquisards. Ils sont approvisionnés par Vevaud,
épicier en gros de Saint-Junien. Ce groupe se déplace et va se cantonner au lieu dit
« le Pré de la Dame », en forêt profonde. Là passeront près de soixante hommes.
Y séjourneront entre autres deux marins en congé d’armistice, André Videau,
originaire de Hiesse, qui vient de Bizerte, et Christian Baudillon, originaire de
Limoges, venant de Toulon ; un marin pompier, Dubernet, réfractaire d’Arcachon ;
des déserteurs de l’armée allemande, dont deux Allemands, Hans et Hubsch ; deux
Yougoslaves, UHL et X; un Hollandais nommé Daniel ; deux Lorrains Nicolas et
Marcel ; deux Alsaciens, Herges et Melchior (fusillés à limoges). Ensuite viendront
un Marocain, Boujemaa Ben Tahar, musulman de Sidi Sliman, perdu en France
pendant la campagne de 1940, ainsi qu’un autre Musulman ; un déserteur des tours
de guet de Limoges, Robert Simonnet; un déserteur de la DCA de Limoges Paul
Faurieux; un chasseur à pied en congé d’armistice venant d’un maquis de Corrèze,
Jean Billac; un inspecteur de police de Limoges, d’origine Suisse, Sparapan,
recherché ; un employé de ferme réfractaire de Lesterps Adrien Devaine ; un
coiffeur de La Chapelle-Bâton réfractaire, Tinjeaud ; un télégraphiste de Limoges
réfractaire, Dulac ; un ébéniste de Limoges réfractaire, Georges Bonnaud ; un jeune
menuisier de Limoges de dix-sept ans Lucien Bonnaud ; un agriculteur de Saulgond
réfractaire, Louis Bourdier ; deux hommes du maquis qui disparaîtront en passant
les Pyrénées, Buisson et Valladeau ; un jeune de dix-sept ans venant de Verdun,
Philibert Chaty ; trois jeunes des environs de Brigueuil, Maurice Rougier, Marcelin
Michaud et Dalbin ; un prisonnier de guerre évadé originaire de Chira, Paul Palard ;
ainsi que les réfractaires Robert Dardillac, Léon Réjeasse, Robert Bataille, Armand
Raynaud, Dubernet, Maxime Mazeau, Pierre Gros, Maurice Roufanche.
Puis, c’est l’arrivée d’une famille juive amenée par la résistance juive
de Limoges, la famille Georges, avec un enfant de cinq ans, dont le père était
commandant dans l’armée française pendant la campagne de 1940. La femme et
l’enfant ne pouvant pas rester en forêt, ils vont à Villeneuve, sous la protection d’un
ancien déserteur de l’armée allemande de 1914/18, Eglhof. Quelques mois plus
tard, un auxiliaire des Postes trouvant très belle cette femme blonde, il lui fait des
avances insistantes. L’ancien de 1914 apprend les faits et lui met le couteau sous la
gorge. L’auxiliaire des Postes ne qui n’est pas revenu de sitôt à Villeneuve.
Se joindront par la suite au groupe les hommes du maquis AS du Chambon qui,
après une menace d’attaque imminente en juillet, sont dirigés sur le maquis AS de
Saint-Adjutory. Ne pouvant plus subvenir en vivres, les hommes sont dirigés sur le
maquis de la forêt de Brigueuil, début septembre 1943.
Un matin, Pichon, le garde de la forêt, rend visite au groupe de réfractaires
et demande au responsable de rencontrer au château du Fraisse, commune de Nouic
(Haute Vienne), le propriétaire de la forêt, M. des Monstiers Mérinville. Celui-ci
demande à connaître les occupants de sa forêt, ce qui est fait. Il est d’accord pour
laisser le maquis stationner sur ses terres et assure que les hommes n’auront rien à
craindre en ce qui le concerne.
Le problème du ravitaillement en vivres devient crucial. Au début, le
patron gantier qui sous-louait le corps de ferme abritant les premiers réfractaires à
Villeneuve réglait les vivres et même la paille sur laquelle les hommes dormaient.
A cette époque les bons de réquisition des maquis n’étaient pas acceptés par le
monde agricole. Devant le nombre grossissant de réfractaires, et ne pouvant plus
subvenir à leurs besoins, le patron gantier, qui est un des responsables de l’AS,
prend contact avec Pierre Geneste du groupe Libération de Saint-Junien. Avec de
maigres ressources financières obtenues par une liaison Limoges-Brive-Lyon, on
peut continuer à nourrir le groupe.
A partir de septembre, le problème financier se repose et il est décidé de rançonner les rois du marché noir. Une expédition nocturne est effectuée sur la route de Confolens chez un agriculteur polonais.
Une fois arrivé dans cette ferme, le groupe s’aperçoit que cette famille vit dans
une pauvreté extrême. Les enfants dorment dans la paille, un os de jambon sans
viande est suspendu dans la pièce, les meubles sont pratiquement vides. Une
seconde expédition est réalisée cette fois dans une maison bourgeoise, mais elle est