la chasse aux maquisards. Nicolas, du groupe de Villeneuve est envoyée à l’étatmajor de l’AS Saint-Junien pour expliquer la situation, car si un homme est pris par les Allemands et parle, c’est toute l’organisation locale qui tombe. Des mesures de sécurité sont prises. L’adjudant-chef Henri Bort, de la gendarmerie de Saint- Junien, est venu à moto pour tenter de prévenir, mais sans succès. Le chef de la gendarmerie de Brigueuil, qui est sous le contrôle des Allemands, ne peut agir. Des détonations se font entendre ; ce sont les anciennes sapes du Pré de la Dame que les Allemands font sauter. Puis on entend d’autres détonations venant de la direction de Villeneuve. Ce sont les premiers abris qui sautent. Les Allemands demandent :
« Deux femmes dans maquis vous avez vu ? ». Un groupe va se réfugier à Les Osiers, un autre groupe à Saulgond. Un autre groupe reçoit une rafale de mitraillette à la sortie d’un bois au dessus du Jarissou. Plusieurs habitants sont malmenés à coups de crosse dont Boulesteix et Colombier. Un groupe de maquisards se rend à Etagnac à neuf heures. Le brouillard se lève et l’on entend le ronflement d’un avion qui surveille les opérations. Le groupe de maquisards, ayant entendu des chiens, pense que se sont les Allemands qui les recherchent. Les hommes marchent dans un ruisseau d’eau glacée le plus longtemps possible.
Ils n’ont qu’une idée en tête : fuir le plus loin possible. Arrivés en vue de la côte des Mines sur la RN 141, les hommes aperçoivent une colonne allemande de trente camions, ambulance et motos (environ 800 hommes). Plus tard, ils apprendront que la colonne avait cernée le bois du Chambon sans succès. Enfin, le groupe, tout mouillé, n’ayant rien mangé depuis la veille, arrive à Etagnac chez le gérant de l’épicerie. Sa femme prépare le repas lorsque le jeune beau frère de seize ans, Raynaud, qui fait le gué, arrive en courant : « la Gestapo est devant la porte ». Les hommes sortent par la porte donnant sur des jardins. Pendant ce temps, les Allemands, sous la conduite de deux agents français de la Gestapo, dont Boissou, arrêtent la fille du café, Mlle Renoux. Elle avait eu la visite de ces personnages dans l’après-midi se faisant passer pour des résistants. Boissou lui a confié un pistolet que les Allemands ont trouvé chez elle. Mlle Renoux sera déportée (rentrée). Le groupe quitte Etagnac et part pour Vérinas (commune de Rochechouart). La distance étant trop longue, dans la nuit, le groupe qui tombe sur une grange fermée à clé, décide de s’y abriter. Vers 21 heures, un des maquisards va frapper à la porte de la première maison. Un petit vieux avec sa femme étant au coin du feu, il explique la situation dans laquelle se retrouvent lui est ses compagnons. L’agriculteur accepte de les loger dans la grange, mais ne veut pas que les maquisards se montrent à ses voisins. Cette même nuit, ils entendent un avion tourner dans le secteur. Le maquis devait recevoir un parachutage à La Loge (commune de Brigueuil). Mais il est impossible de revenir sur les lieux et d’allumer un feu. L’avion est reparti. Le message était « le chat Mini est sur le mur, deux fois ».
Vers deux heures du matin, le froid réveille les hommes. Ils n’ont pas de
couverture, ils n’ont rien mangé depuis la veille de l’attaque du maquis et ils sont
encore mouillés d’avoir marché dans les ruisseaux lors de leur fuite. Vers six heures,
le fermier vient les faire sortir de la grange et le groupe part pour Vérinas, où les
hommes arrivent vers midi, dans une ferme amie, chez Thaury. Là, les hommes se
restaurent, se sèchent au coin du feu et vont dormir dans la paille. Le lendemain,
le coiffeur de Saint-Christophe, agent de liaison donne des informations sur les
hommes du maquis et du groupe de Villeneuve : « aucun homme du maquis n’est
inquiété, ni au bois du Chambon. par les Allemands ». Les maquisards reviennent à
la maison forestière puis à Villeneuve. Le maquis reprend sa vie normale.
Le 16 novembre vers 20 h, deux individus viennent à la maison forestière
rendre visite aux maquisards de la part de la résistance de Saint-Junien et leur
demandent de faire creuser des tranchées pour y cacher des armes, car ils vont
recevoir un parachutage. « Les tranchées sont pour nous » dit un maquisard. Après
le départ de ces deux agents de la Gestapo. Les hommes partent aussitôt près du
village de La Cour, dans une ferme amie.
Au petit matin vers 5 h, une quarantaine d’Allemands guidés par un des
agents de la Gestapo, viennent mettre le feu à la maison forestière, vont chercher les
voisins les plus proches et menacent d’en mettre un dans le feu, car il ne veut pas
dire où se trouvent les « terroristes ». Un autre habitant est roué de coups de crosse
et de pied. Boulesteix, un grand-père de quatre-vingt ans, reçoit une balle dans le
mollet, tirée par l’agent français de la Gestapo. Puis les habitants du village sont
mis face au mur de la grange, hommes, femmes, enfants. Des maisons du hameau
sont perquisitionnées. Les granges sont fouillées. Dans la matinée, les Allemands
repartent bredouille vers Limoges.
Le lendemain soir, vers 19 h, le car de Chatenet, un Saint-Juniaud, guidé
par un membre de l’état-major local de la Résistance, passe prendre les maquisards
regroupés au village de La Cour. Ils sont transportés, à plat ventre dans le car, pour
aller se reformer au Repaire de Chéronnac, chez le maire du pays, Ringuet. C’est la
création du Maquis de Chéronnac par un groupe d’anciens du maquis de Brigueuil.
Trois semaines plus tard, le 8 décembre 1943 au soir, les hommes du
maquis du Repaire de Chéronnac, n’ayant pratiquement pas d’armes, vont faire un
coup de main à la gendarmerie de Saint-Laurent-sur-Gorre. Ils récupèrent quelques
pistolets et des mousquetons, mais laissent son arme au chef de gendarmerie. Une
commerçante installée en face de la gendarmerie, voyant le manège, téléphone à la
gendarmerie de Rochechouart. Un homme du groupe, déjà fiché pour avoir liquidé